Des plantes grimpantes en tubes de cuivre coiffées de pavillons-corolles, forment un igloo sonore dans lequel vient s’installer l’auditeur.
Alors six machinistes se postent aux cerveaux à pistons de leur spat’. La structure se cabre et vacille, suspendue aux cintres.
Ils soufflent, grattent et frappent des polyrythmies spatialisées, des ombres de motets au fond d’une piscine, des drones d’appeaux à sanglier, des masses d’air visqueux, des jungles dans les souterrains, des silences-océans colorés d’îles exubérantes.
Les spat’ sont des acousmoniums acoustiques tentaculaires, d’immenses orgues à bouches, des amplificateurs-spatialisateurs-filtres de sons produits par la bouche, une corde ou une membrane. Les spat’ sont aussi des cors, des tubas, des saxophones…des harmonicas et des banjos… Développés collectivement depuis 2001 par le collectif Spat’Sonore, ils forment une nouvelle famille d’instruments de musique.
Les spat’ ou instruments spatialisés forment une nouvelle famille d’instruments de musique dont la particularité est la spatialisation acoustique du son. Ainsi, ils sont les cousins non-électrifiés des systèmes de diffusion multi-canaux sur haut-parleurs.
A l’aide de pistons, le spatiste oriente les sons qu’il produits dans différents pavillons répartis dans l’espace.
Les spat’ ont pour origine des instruments traditionnels. Le cor spatialisé par exemple est un instrument à quatre pavillons, l’un à deux mètres à droite, un autre à deux mètres à gauche, un à deux mètres devant en douche au dessus du public. Dans chacun de ces pavillons le spatiste-corniste peut jouer comme d’un cor à piston traditionnel, avec son étendue harmonique et son timbre.
Il en est de même pour les autres instruments spatialisés existants : le saxophone, le trombone, le tuba, le banjo, les percussions.
Les spat’ ont également une parenté avec l’orgue. En effet, des pistons permettent de faire passer le son dans des filtres ou « jeux », anches d’harmonica, de cornemuse, anches doubles, eau, etc. Associés à l’utilisation de sourdines diverses, ces caractéristiques nous offrent un répertoire sonore très riche.
Enfin, en intégrant l’espace sonore comme paramètre non séparable du discours musical, nous interrogeons la place de l’auditeur.
En effet, celui-ci se trouve ainsi sous un enchevêtrement de tuyaux et une trentaine de pavillons, à l’intérieur du dôme formé par nos instruments. Il est au cœur du son, immergé dans notre bulle sonore.
Les spat’ sont développés depuis 2001 par Nicolas Chedmail et les membres du collectif Spat’Sonore, fondé en 2003.